24 heures du 20.01.2023 – Thibault Nieuwe Weme
La Municipalité vient de balayer le projet controversé qui prévoyait la démolition de deux maisons «patrimoniales» afin d’y construire un immeuble locatif.
Le quartier des Aubépines s’était retrouvé au centre de débats communaux houleux en 2021. En lieu et place des maisons aux numéros 39 et 41 de cette rue, la fondation de prévoyance Vitems souhaitait construire un immeuble locatif moderne de sept niveaux, comprenant une crèche et quatorze places de parcs.
Un collectif de riverains avait rapidement mené la fronde contre ce projet, récoltant plus de 450 oppositions lors de la mise à l’enquête publique, entre septembre et octobre 2021. Deux pétitions, identiques dans leurs revendications, avaient été déposées en parallèle auprès du Conseil communal et de la Municipalité.
L’esthétique du quartier a primé
Une année plus tard, en novembre 2022, la Municipalité lausannoise rend son verdict: le permis de construire ne sera pas accordé au promoteur, arguant que le projet «compromet l’aspect et le caractère du quartier et qu’il ne répond ni aux exigences d’esthétique et d’intégration ni à celles de la protection du patrimoine bâti». La décision vient d’être rendue publique jeudi après-midi sur le site de la Ville. Quant au propriétaire, il dispose d’une voie de recours au Tribunal cantonal pour contester cette décision.
En 2003 et 2012 déjà, deux projets analogues avaient les mêmes maisons historiques en ligne de mire. La Municipalité de l’époque avait déjà tranché en faveur de la préservation de l’identité du quartier. Un argument qui n’avait pas échappé à Manon Zecca, conseillère communale d’Ensemble à Gauche à l’origine d’une interpellation sommant l’Exécutif lausannois de refuser l’octroi du permis de construire.
«Qualités indéniables»
Égratigné pour sa discrétion sur le dossier lors d’une séance du Conseil communal en novembre 2021, le syndic, Grégoire Junod, peut finalement sortir de sa réserve: «Il faut savoir que les permis de construire suivent un procédé très codifié. La Municipalité ne peut pas se prononcer avant d’avoir le dossier complet à sa disposition.»
Le socialiste précise que tout le secteur de l’avenue de France dispose de «qualités paysagères et urbanistiques indéniables qu’il s’agit de préserver». Un signal fort aux promoteurs souhaitant s’aventurer dans la zone? «Les projets immobiliers sont toujours possibles, évidemment. Seulement, la Ville n’est pas un casino où il s’agit de maximiser le profit des zones à bâtir au détriment de l’histoire patrimoniale. Les projets doivent veiller à s’inscrire avec cohérence dans l’esthétique architecturale du quartier où ils souhaitent s’implanter.»